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Tritons et salamandres

La classe des amphibiens (animaux à peau nue et à température variable) se divise en deux grands groupes (ordres). Cette classification est essentiellement morphologique et il est aisé de « ranger » tel ou tel représentant européen (il existe un autre ordre sur d’autres continents…) de cette classe animale après examen visuel. Ainsi, les grenouilles et crapauds appartiennent à l’ordre des Anoures (du grec « Oura » signifiant queue, le A étant un préfixe privatif). Il s’agit donc littéralement des amphibiens « sans queue » (sous-entendu à l’âge adulte…). L’autre ordre étant, par voie de conséquence, celui des « amphibiens avec queue » autrement dit URODELES (du grec « Oura » = queue et « dêlos » = visible). Les tritons et salamandres (avec d’autres, absents de notre région, tels les euproctes, le spéléomante etc…) composent cet ordre animal souvent méconnu et pourtant membre à part entière de notre patrimoine naturel.

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Les tritons et la salamandre de Sologne

La Sologne accueille les principaux urodèles français, au nombre de 6, sauf le Triton alpestre (présent dans la forêt domaniale de Blois), pas encore recensé (il existe quelques autres espèces présentes sur le territoire national mais leur distribution est limitée jusqu’à l’endémisme – chaîne des Pyrénées ou Corse par exemple). Les tritons et la salamandre de la Sologne appartiennent tous à la famille des « salamandridés ».

 

Description sommaire :

Je ne suis pas un lézard !

Les urodèles ont un corps allongé terminé par une queue, quatre pattes et une peau nue d’aspect luisant (humide en permanence) ; leurs yeux sont placés latéralement, de chaque côté d’une tête généralement assez aplatie. Ces petits amphibiens (adulte de 7 à 15 cm suivant l’espèce – hors Salamandre) sont presque muets, contrairement au crapauds/grenouilles (qui chantent tous…). Leur petite taille ne facilite pas leur détection. Cela explique – partiellement – qu’ils appartiennent à la (longue !) liste des animaux « bien de chez nous », complètement ignorés de nos contemporains… Le « lézard du compteur d’eau » sera à coup sûr un représentant de ce groupe animal assez peu connu du grand public.

Reproduction :

De l’eau ! de l’eau !

Les tritons et la salamandre sont des amphibiens et leur cycle de reproduction est donc, peu ou prou, lié au milieu aquatique. En dehors de la période printanière (principale période de reproduction), ils se trouvent souvent sur la terre ferme, cachés dans les zones fraîches et assez humides (sous pierres, souches en forêt, abris divers). Il est cependant important d’insister sur le fait qu’ils sont très bien adaptés à la vie terrestre et que certains individus ne vont à l’eau que très rarement. Seuls les premiers stades de vie ne se déroulent que dans l’eau : après l’accouplement – souvent effectué à l’issue d’une « danse nuptiale » exécutée par le mâle (il ne chante pas mais danse pour conquérir sa partenaire : chacun sa technique ! ) -, les œufs sont déposés un par un sur un support immergé (végétaux), les larves (on ne parle pas de « têtards ») sont strictement aquatiques (respiration branchiale) ; elles gagneront le « plancher des vaches » après la métamorphose qui, comme chez tous les amphibiens, conduira à les munir de poumons et quelques autres accessoires de « terriens ».

Photo de famille :

Les petits devant, les grands derrière !

Les quatre espèces de tritons de la Sologne peuvent se diviser en 2 catégories permettant d’aller plus vite dans l’identification. Les petits (adultes de 7 à 10 cm) : il s’agit du Triton palmé (coloration brunâtre, gorge couleur chair, queue souvent terminée par un filament), et son proche cousin le Triton ponctué (taches diffuses sur toute la partie ventrale, gorge pigmentée de gris cendré, ventre orangé, crête dorsale). Les grands (adultes de 12 à 15 cm), dont font partie le Triton crêté (coloration gris/noir ponctué de blanc sur les flancs, ventre jaune/orangé tacheté de noir, gorge noirâtre) et le Triton marbré (corps foncé marbré de verdâtre, ventre foncé ponctué de blanc, mâle arborant une crête en livrée nuptiale) sont plus rares en Sologne, mais bien représentés sur certaines sites. Il existe un hybride naturel des 2 « grandes » espèces, le Triton de Blasius (présentant des caractères intermédiaires) ; il a été trouvé en Sologne à de rares occasions.

La sixième espèce d’urodèle présente chez nous est la Salamandre tachetée ; superbe amphibien pouvant atteindre plus de 20 cm de long de coloration noire tachetée de jaune (parfois d’orangé). L’espèce se détecte souvent par la présence des larves dans les flaques et mares au moment de la reproduction et le qualificatif de discret est particulièrement vrai pour l’adulte. De mœurs nocturnes, elle sortira volontiers hors de sa cachette (souche, trou de taupe, terrier de rongeur, humus, sous pierre) lors des nuits calmes, douces et humides. Sa rencontre en journée aura nécessité une recherche systématique sous tous les abris potentiels (plutôt en forêt mais aussi dans le bocage) par temps humide ; elle souffre beaucoup du trafic routier et les cadavres écrasés sont fréquents dans certaines zones forestières. Il faut noter que cet amphibien est franchement terrestre et que les adultes ne vont jamais (totalement) dans l’eau, où ils pourraient se noyer… La femelle est tout de même obligée d’immerger la partie arrière de son corps pour libérer ses larves dans le point d’eau choisi. C’est une espèce mythique qui a beaucoup souffert par le passé et que l’imagerie populaire a diabolisée ; elle a souvent été associée à la sorcellerie, à l’alchimie etc… On lui prêtait en particulier le pouvoir de résister au feu (voire même de l’éteindre) ! François 1er choisit la salamandre pour emblème et sa devise « Nustrico et extingo » (« je l’entretiens et je l’éteins ») fait directement allusion au feu et aux pouvoirs que l’on prêtait à celle-ci (cette devise est cependant sujette à interprétation car on peut associer cette maxime aux difficultés de régner et aux nombreux « incendies » qu’un souverain doit maîtriser et éteindre au cours de son règne ; d’autres se sont parfois risqués à lier directement le feu à l’ardeur amoureuse du roi…).

Protection

La loi veille sur eux ; enfin presque…

La loi française (arrêté du 22 juillet 1993 fixant la liste des amphibiens et reptiles protégés sur l’ensemble du territoire) protège intégralement les urodèles français, sans exception. Ces mesures, bien qu’indispensables, ne sont pas suffisantes car ces espèces dépendent beaucoup de leur milieu en particulier pour la reproduction. Elles subissent donc de plein fouet la disparition des zones humides sous toutes leurs formes à laquelle on assiste depuis plusieurs décennies. Une autre raison de disparition des tritons est la circulation routière, bien que dans certains secteurs des « crapauducs », passages souterrains pour les amphibiens, aient été installés.

Bibliographie :

L’ouvrage de la collection « Parthénope » (chez Biotope) est consacré aux amphibiens de France, Belgique et Luxembourg. Cet ouvrage est de grande qualité. Lionel Triboulin (Eure-et-Loir Nature)

Lionel TRIBOULIN (Eure-et-Loire Nature )

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