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Nos jardins : du béton vert à un réseau de zones refuges pour la faune sauvage

Pour compléter la série d’articles consacrés aux petits gestes que nous pouvons faire dans notre jardin en faveur de la nature et de l’environnement (« Jardinons écologique » et « Le compostage individuel ») voici quelques réflexions supplémentaires qui pourraient guider nos comportements dans la gestion de notre jardin.

Il faut prendre conscience que notre relation avec la nature au jardin est fortement empreinte d’un lourd héritage culturel, qui préjudicie bien souvent à la nature. De manière plus ou moins délibérée, nous menons un combat continuel contre la nature pour l’aseptiser et la dominer, la plupart du temps uniquement par pure convention. Un mur de « béton vert » en thuyas stériles en guise de haie et un gazon monospécifique tondu à ras, agrémenté d’espèces exogènes et dans lequel la moindre plante sauvage est extirpée, voilà ce qui constitue parfois la représentation mentale du jardin idéal ! Nous sommes en quête d’une prétendue « propreté » de l’espace de nature qui est sous notre responsabilité, quitte à s’acharner à en faire un quasi désert biologique, à grand renfort d’interventions destructrices et quelquefois même de produits polluants. Même si l’on croit bien faire, il serait bon de remettre en question certaines habitudes et de travailler sur nous même pour accepter une nature plus sauvage dans notre jardin. Nous devons pour cela surmonter les pressions sociales et l’incompréhension probable des voisins.

Laisser la nature s’approprier progressivement un coin de notre jardin et prévoir quelques aménagements favorables permettrait en effet à la diversité biologique d’exprimer sa richesse.

Quel plaisir de pouvoir observer le retour progressif de certaines plantes disparues, mais dont les graines sommeillaient dans l’attente d’une autorisation d’exister… C’est ensuite au tour des insectes liés à ces plantes de faire leur réapparition, salués par un vol de papillons et le passage d’une famille de hérissons. Profitant de notre générosité et de celle de la nature, les oiseaux viendront aussi plus nombreux égayer nos jardins. C’est l’ensemble de la chaîne alimentaire qui pourrait ainsi retrouver un à un ses maillons, et recouvrer un meilleur équilibre. Si tous les possesseurs de jardins « épargnaient » ne serait-ce que 10 % de leur espace, il se constituerait un réseau conséquent de zones refuges pour la faune et la flore sauvage, y compris au cœur des villes où leurs habitats sont anéantis.

Sans se culpabiliser excessivement, il convient de modifier peu à peu notre approche du jardin, en y favorisant la biodiversité.

Pourquoi pas commencer en remplaçant quelques thuyas déficients par différents arbustes florifères, plus colorés et accueillants ? Il est également possible de remplacer les conifères qui ont souffert de la canicule par des espèces locales nettement plus favorables à la faune (noisetier, chêne, prunellier… par exemple). On peut facilement enrichir sa pelouse en y laissant prospérer les fleurs sauvages. Il est important de laisser pousser l’herbe là où cela n’est pas trop gênant, pour permettre aux diverses plantes d’accomplir leur cycle naturel. La plupart des herbes pourtant considérées comme « mauvaises » se révèlent d’ailleurs d’une beauté et d’une diversité surprenante.

Favoriser un milieu semi-naturel dans une partie du jardin, c’est découvrir mois après mois de nouvelles espèces, pouvoir suivre l’évolution des plantes, s’émerveiller du retour des papillons, insectes, oiseaux, petits mammifères… attirés par cette oasis qui leur offre gîte et couvert. C’est aussi éviter de nombreuses corvées de tontes ou de désherbage (voire de brûlage !) pour se contenter de n’intervenir que pour encourager ou limiter telle ou telle espèce si besoin est. Vous avez un grand terrain ? Quelques moutons solognots (en nombre adapté, attention au surpâturage) amuseront vos enfants et vous permettront de remiser enfin la tondeuse !

On peut éventuellement profiter d’une prairie fleurie dans les environs pour récolter des graines de plantes sauvages en vue de les semer au jardin. On peut privilégier les espèces nectarifères, qui offriront autant de nourriture potentielle aux insectes et aux papillons. Cette technique doit néanmoins être utilisée avec le plus grand discernement, dans le respect de la propriété privée et du milieu naturel. Il convient de s’assurer de la provenance locale des plantes, de prendre garde le cas échéant à leur caractère envahissant, d’en récolter une infime partie et bien sur de ne pas toucher aux espèces protégées !

Un tas de bois, un petit muret de pierres sèches exposé au soleil, une mare, un arbre mort, un tas d’herbe fauchée ou votre compost seront aussi autant d’habitats pour les petits animaux.

Il convient de lutter contre certains de nos comportements réflexes, en se demandant systématiquement si nos habitudes ne sont pas préjudiciables à l’environnement.

Oublions notamment la destructrice et polluante tondeuse en lui préférant une fauche tardive, en plusieurs fois. L’herbe coupée peut rester sur place quelques jours avant d’être évacuée, afin que les insectes puissent l’abandonner. Savez-vous par exemple que l’ortie à de très nombreuses vertus, parmi lesquelles celle d’être une terre d’accueil pour la reproduction et la ponte de beaucoup d’espèces de papillons ? Elle a donc sa place dans une zone reculée du jardin, où l’on n’ira pas s’y frotter. Résistons au ramassage systématique des fruits tombés au sol, et la nature nous remerciera de lui offrir un tel festin. De même, une litière de feuilles mortes et de débris divers sous nos arbres sont un refuge précieux pour les petits animaux lors de la mauvaise saison. Bien sur, abstenons-nous de tous traitements (pesticides, engrais, etc…), même biologiques, sur les zones que nous souhaitons favorables à la faune…

Certains penseront qu’ils sont fous ces écolos, de vouloir des mauvaises herbes et des insectes dans leur jardin ! Mais à la réflexion, quel dommage que ces phobies envers des éléments si essentiels de l’écologie, qui ne reposent sur aucun fondement valable, mais qui sont pourtant profondément enracinées dans l’inconscient collectif.

Un jardin planté de haies écologiques avec un potager et un verger bio, une prairie fleurie, des parterres de fleurs sauvages qui avoisinent avec les herbes folles, voilà un petit paradis pour la faune et la flore sauvages et le plaisir des sens !

Patrice Devineau  

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