A la demande de plusieurs adhérents nous publions cette information sur l'Ambroisie, plante particulièrement envahissante et dangereuse. Elle provoque, à la floraison, à partir de fin juillet, des allergies qui peuvent être graves. Elle apparaît aujourd'hui couramment dans nos régions, dans des friches et sur les bords des routes mais également dans les jardins.
1 - Comment la reconnaître ?
C'est une plante herbacée de 60 cm à 2 m de hauteur à maturité. Appelée "Herbe aux poux" au Canada, Ambroisie à "feuilles d'armoise" ou "élevée" chez nous, elle présente des feuilles opposées, très découpées, pennatilobées (voir illustrations). Les divisions sont fines, pointues avec le revers grisâtre au stade adulte.
Le même pied porte des fleurs mâles dont le pollen est la cause des allergies et des fleurs femelles qui donneront un akène épineux contenant la graine.
Les fleurs mâles se présentent en capitules (groupements de fleurs le long de la tige). Jaune verdâtre, elles sont nombreuses et disposent d'une importante réserve de pollen. Les fleurs femelles, très petites, se situent à l'aisselle des feuilles supérieures.
La tige, anguleuse, est poilue et souvent rougeâtre.
Confusion : Elle peut être confondue, adulte, avec l'Armoise ou certains Chénopodes.
Croissance, développement et éradication.
La dormance de la graine peut être de plusieurs dizaines d'années. Originaire d'Amérique du Nord, elle a été introduite dans les jardins botaniques français au XVIIIème siècle. Apparue en milieu naturel dans l'Allier en 1863, elle n'a cessé de se développer. On trouve aujourd'hui des graines mélangées au tournesol que l'on donne l'hiver aux oiseaux.
La plantule : Dés fin mai, début juin, de la graine qui se développe apparaissent d'abord les 2 cotylédons, épais, ovales, vert gris, attachés par une courte "queue", puis 2 petites feuilles, vert foncé, souvent découpées en 3 lobes. A ce stade doit commencer l'éradication, notamment sous les mangeoires des oiseaux et sur les lieux que vous connaissez.
Stade de croissance : Très vite, en juillet, la plante va croître et les fleurs mâles vont commencer à se développer. Tant que le pollen n'a pas atteint un stade "volatil" la reconnaître pour la détruire est alors essentiel.
Maturité : Dès que le pollen commence à voler, à partir de fin juillet, sa destruction devient problématique. Une solution consiste à couvrir délicatement le pied d'un sac poubelle, à l'arracher et à maintenir le sac hermétiquement fermé jusqu'à incinération.
Pour toutes les actions d'éradication il est conseillé de porter des gants, un masque et des lunettes protectrices étanches.
Le pollen : C'est le pollen qui est responsable des effets sur l'homme. Très peu denses, les grains peuvent voler sur plus de 60 km. Un pied d'Ambroisie peut émettre jusqu'à 2,5 milliards de grains en une journée et on estime qu'un gramme de pollen contient 90 millions de grains ! D'autre part, il suffit de 5 grains par m3 d'air pour que des symptômes d'allergies apparaissent chez certaines personnes.
Dissémination : La dissémination est partout, notamment le long des grands axes de circulation par les véhicules, aux bords sableux des rivières par les courants d'eau, sur les landes, les friches et les terres cultivées par les oiseaux et le vent, dans votre jardin si vous utilisez des graines de tournesol dans les mangeoires des oiseaux, les sacs de graines vendus dans le commerce en contenant parfois !
2 -Quelles sont les allergies provoquées ?
Ces grains de pollen ont la particularité d'être très irritants (5 grains suffisent).
On estime que 10 à 12% de la population est concernée.
Des rhinites : picotements dans le nez, écoulements souvent importants, éternuements incessants.
Des conjonctivites : rougeurs, gonflements, démangeaisons des yeux et larmoiements.
De la respiration : toux sèches, difficultés respiratoires, accentuation des troubles et des gênes chez les cardiaques et les asthmatiques.
De la peau : Démangeaisons, urticaire, eczéma, boutons, cloques, pustules.
3 - Répartition dans la région Centre
Ces données sont indicatives et ne présentent aucun caractère exhaustif.
Loiret : Le long de la Loire dans des zones sableuses et humides, par pieds isolés notamment dans la région de Gien à Coullons, à Olivet et à Férolles.
Loir et Cher : Le long de la Sauldre et de la Loire, quelques pieds dans des landes sableuses.
Cher :Très nombreux sites repérés en 2004-2005 sur l'ensemble du département. Les terres agricoles semblent très atteintes.
Indre : Sud de l'Indre, région de La Châtre et Le Blanc.
Indre et Loire : Bordure de Loire et Nord de Tours.
Il serait important que des repérages en Sologne, même incertains, nous soient signalés, nous essayerons de vérifier sur place (
Espoir : "L'Association Française d'étude des Ambroisies" établit actuellement des relevés qui devraient permettre de paramétrer des satellites qui repéreront la présence de la plante afin de faciliter son éradication."
4 - Réglementation
Il n'y a pas de réglementation nationale exigeant la destruction de cette plante. Seuls, des arrêtés préfectoraux ou municipaux peuvent en imposer l'arrachage. C'est le cas dans le couloir rhodanien.
Sur le plan juridique, étant donné la gravité de certains cas d'allergie qui peuvent entraîner un décès, les Principes de Prévention, d'Information et les textes sur la protection de l'air précisés dans le Code de l'Environnement sont à signaler. Quant aux Codes Civil et Pénal, aucun article direct ne concerne une telle situation. Il ne peut alors s'agir que d'éventuelles interprétations juridiques.
5 - Conclusion
Si, à l'époque de la Grèce antique, l'Ambroisie était divine et constituait le nectar qui servait de nourriture aux dieux et donnait l'immortalité, elle se présente aujourd'hui sous l'aspect d'une plante envahissante et dangereuse qu'il est important de connaître, reconnaître aux divers stades de son développement. Soyez vigilants.
Jean-Claude Barthoux