(carte IGN : Argent-sur-Sauldre 2321 est)
La vallée de l’Aquiaulne offre aux promeneurs de Sologne, toutes proportions gardées, ce que les Alpes mancelles apportent aux promeneurs sarthois : une bouffée d’air de reliefs, de pentes et de dénivelés, en marge de la platitude, bien reposante toutefois, de la Sologne des étangs. Mais que l’on se rassure ! Point besoin de harnais ni de cordage. Ici, tout est dans la courbe et dans l’ondulation. Et si les montées et les descentes se succèdent au rythme de votre pas cadencé, ce n’est que pour mieux vous surprendre et vous étonner, tant le paysage y est diversifié. Du boisement de robiniers à la forêt de Chênes pédonculées, cette balade vous fera découvrir des étangs où les "demoiselles" sursautent au vent, dans leurs livrées métallisées ; un marécage où les aulnes glutineux portent encore accrochés de multiples strobiles comme des boules de Noël ou des boucles d’oreilles oubliées, des chemins enherbés aux jolies salades sauvages printanières, une peupleraie élancée qui s’accroche aux nuages pendant que la boulaie blanche d’à côté, contemple le paysage, les pieds nus dans l’herbe mouillée. Quelques maisons çà et là dispersées ajoutent à l’espace et ses volumes changeants, un peu du temporel de l’histoire des hommes : toutes racines plantées, ils se sont là arrêtés, comme pour boire à l’ivresse et jouir à satiété : la brise qui fait frémir le feuillage des trembles, le parfum des sous-bois que le printemps exhale, et la « verdeur » si reposante après une dure semaine de labeur.
Accès au début du chemin
Du centre bourg (église) prenez la direction d’Autry-le-Châtel (D 51) puis, tout de suite après avoir passé le pont, à la sortie du bourg, prenez la première route à gauche (dans le virage) direction : « Etang de la Huttière ». Poursuivez cette petite route sur environ 2 km, puis garez-vous dans l’herbe, sur le côté, au début du chemin empierré avec du calcaire.
Descriptif du parcours (7,5 km)
D) Suivez le chemin blanc bordé de bouleaux et de trembles, à gauche. Ces arbres sont des « essences de lumière ». Elles ne se développent que là où elles peuvent bénéficier d’une bonne luminosité. Ce sont donc par conséquent, des espèces colonisatrices de milieux ouverts, non boisés. Notez aussi les magnifiques Sapins de Douglas, pour l’un d’entre eux centenaire, qui agrémentent le bord du chemin !
1) A la première bifurcation, prenez le chemin de terre à gauche (PR – La Motte et les Rabières / G 20). Le chemin qui descend est bordé par un sous-bois de Robiniers faux-acacias : C’est au début du 19ème siècle, qu’un seul plant de cet arbre, au pouvoir colonisateur extra-ordinaire, fut ramené au Jardin d’acclimatation de Paris et ainsi introduit en France pour la première fois. Les hormones inhibitrices émises par son système racinaire finissent très rapidement par évincer la concurrence, comme vous pouvez le constater sur votre droite, avant le bas de la pente : ici, le chêne a pratiquement disparu du boisement ! Vers le bas du vallon, vous apercevrez peut-être, perché sur les ronciers au bord du chemin, le Troglodyte mignon, petit oiseau d’environ 5 grammes, mais à la voix de stentor. Vous le reconnaîtrez facilement à sa petite queue dressée verticalement !
2) Passez les anciennes marnières remplies d’eau qui s’animent au printemps de têtards de Grenouilles vertes, puis la passerelle enjambant l’Aquiaulne, et tournez à droite dans la grande allée enherbée, barrée par une chaîne, qui longe le cours d’eau. Dans la fraîcheur de l’onde presque pure, les Aulnes glutineux qui portent encore leurs strobiles, rafraîchissent leurs racines où s’abritent les goujons. Au bout de cette allée, continuez tout droit en passant entre l’Etang des Landes et l’Aquiaulne. Là où le talus et votre chemin tournent à gauche, à la fin de la grande peupleraie implantée sur l’autre rive du cours d’eau, un arbre mort présente une cavité de forme ovale, témoin de l’intérêt récent ou ancien d’un grand Pic noir. Même quand l’oiseau déserte son nid pour creuser un nouvel abri, ce trou fera le bonheur d’une Chouette hulotte ou de Chauves-souris, mangeuses gourmandes par excellence de mulots et d’insectes. Aussi, espérons que cet arbre ne sera pas abattu, puisqu’il n’y a aucun danger pour les promeneurs ! Passez ensuite entre le grand et le petit étang, sur la passerelle près de la cabane en bois, et rejoignez la route goudronnée, à une centaine de mètres droit devant vous.
3) A la route, tournez à droite, ou alors, passez au travers du joli bois de bouleaux qui la borde, si vous préférez l’herbe à l’asphalte. A 500 mètres environ, tournez à droite. La petite route goudronnée "méandre" le long d’une très jolie zone marécageuse : à main droite, le boisement d’Aulnes glutineux installé parmi les Laîches ou Carex indique que c’est cette partie qui est la plus humide. Notez d’ailleurs qu’à gauche, le boisement est constitué de Bouleaux verruqueux et de Pins sylvestres, et que les carex ont été remplacés par de la Molinie bleue, autre herbe folle typique de Sologne. Le remblaiement pour la route a vraisemblablement bouleversé le fonctionnement hydraulique de cette aulnaie marécageuse. Dommage : quelques buses supplémentaires sous la route auraient pourtant bien fait l’affaire des p’tites bêtes ! Passez ensuite devant le Moulin Bourgeois et traversez de nouveau l’Aquiaulne. Deux grands tilleuls gardent les dernières maisonnettes comme de majestueuses sentinelles, alors que le chemin blanc, bordé de buis séculaires, vous entraîne inexorablement jusqu’à la propriété "Les Haies". Une chaîne et un panneau « Propriété privée » vous rappellent à l’ordre et vous invitent à virer de bord. Passé le déversoir du petit étang, le chemin devient sableux, ce qui n’est pas pour déplaire aux châtaigniers en bordure, et remonte sur le versant opposé d’un petit vallon fangeux.
5) A l’intersection, au niveau du calvaire surmonté d’une croix en bois, tournez à droite. De ces hauteurs bien solognotes, le chemin domine une boulaie marécageuse en contrebas qui, au fil du chemin, s’éloigne de plus en plus du vallon et de son humidité bienfaitrice. Elle se laisse alors bien volontiers envahir par les Pins sylvestres, puis par les Robiniers faux-acacias, inlassablement à la recherche de nouveaux territoires.
6) A environ 500 à 600 mètres, tournez à droite à la prochaine intersection, en direction de La Motte et les Rabières. Comme pour se jouer d’un relief inhabituel, le chemin re-traverse le vallon et vous entraîne sur une nouvelle pente sableuse où les châtaigniers ont la part belle. Les pics aussi, si l’on en croit le nombre de cavités qu’ils y ont percées !
7) Arrivé sur le plateau, à une intersection multiple, vous quittez le PR : La Motte et les Rabières pour rester sur la fourche de droite. Elle vous fera alors traverser un grand plateau cultivé. S’ouvre alors à vous un horizon plus distancié, offrant la possibilité de surprendre quelques chevreuils ou biches au gagnage. A condition toutefois, de modérer l’exubérante sensation de bonheur que ces paysages bucoliques aux reliefs changeants font naître parfois dans le cœur des randonneurs : faîtes plutôt une approche silencieuse, l’œil aux aguets, pointé sur l’horizon, car c’est souvent en bordure de forêt que mangent les cervidés ! A l’autre bout du plateau, à l’orée des bois, là où une croix en fer veille sur les âmes en peine, restez dans le droit chemin jusqu’à la ferme "Les Allingards".
8) Arrivé à la ferme, et après avoir admiré ce bel agencement d’architecture rurale, suivez le large chemin blanc qui contourne les bâtisses sur la gauche. A la prochaine intersection vous êtes de retour sur le premier tronçon de la balade et en tournant à gauche, vous retrouverez votre véhicule garé en bordure du chemin.
Enfin, on vous le souhaite !
