Les amphibiens, grenouilles, crapauds et tritons, mènent une double vie : jeunes ils vivent dans l’eau. Adultes, la terre ferme est leur habitat principal. D’où leur nom amphibiens : en grec amphi signifie « les deux » et bios « vies ». Toutefois lorsqu’ils sont à terre, ils ne sont jamais totalement indépendants de l’eau. En effet, s’ils possèdent des branchies dès leur naissance ils absorbent une partie de l’oxygène par la peau qui doit pour cela rester humidifiée en permanence. Ils sont donc par conséquent très sensibles au rayonnement solaire et vivent de préférence dans la pénombre des bois et forêts ou ne sortent qu’à la nuit tombée.
Les amphibiens forment deux grands groupes, selon qu’ils ont une queue ou non : tritons et salamandres en ont une (les Urodèles), grenouilles et crapauds (sauf à l’état de têtard) n’en ont pas (les Anoures).
Pour leur biologie, leur cycle annuel comporte :
- une période de reproduction, dans l’eau, en fin d’hiver ou au printemps.
- une période terrestre estivale pendant laquelle ils se nourrissent et font des réserves.
- une période d’hivernage durant laquelle la vie est ralentie et l’activité nulle, qui se passe sous terre, ou dans l’eau pour quelques espèces.
En Sologne nous avons 5 espèces d’Urodèles et 6 espèces d’Anoures.
Pour les premiers, la Salamandre tachetée (Salamandre salamandra), une espèce assez commune dans les forêts fraîches, est facilement reconnaissable avec son dos noir luisant et ses taches jaunes irrégulières. On la trouve dans la mousse, parmi les feuilles mortes et sous les vieilles souches. Surtout nocturne, on peut néanmoins l’observer les soirs après la pluie si on est chanceux. Elle dépose ses œufs dans l’eau, sans y pénétrer, où ils éclosent aussitôt.
Les tritons sont représentés en Sologne par :
le Triton palmé (Triturus helveticus) qui vit une partie de l’année dans les mares et ornières des forêts et parfois aux bords des étangs. Ce petit triton (9 cm) est reconnaissable par son dos brun-jaune taché de sombre et son ventre jaune à pois noirs. Il n’a pas de crête et l’extrémité de la queue tronquée est terminée par un petit filament noir. Les pattes arrières sont palmées.
le Triton marbré (Triturus marmoratus - 15 cm) avec son dos vert tendre, marbré et pointillé de noir, qui passe quelques jours à quelques semaines dans l’eau pour s’accoupler. Le reste de l’année, il se dissimule dans les tapis de mousse.
le Triton crêté (Triturus cristatus - 15 cm) plus localisé et moins forestier, porte, comme son nom l’indique, une crête dorsale noire (le mâle). Plus foncé, son ventre est orange vif avec des grandes taches noires.
le Triton ponctué (ou T. vulgaire, ou T. lobé) (Triturus vulgaris - 10 cm) est limité au nord-ouest de la Sologne. Son dos est brun à gros pois noirs avec un ventre et une gorge orangée tachetée de noir. Le mâle en livrée nuptiale montre une crête dorsale à bord sinueux.
Les Anoures de Sologne sont composées de :
la Grenouille agile (Rana dalmatina), la plus commune des grenouilles en forêt, est de couleur brune avec une tache sombre à l’arrière de l’œil.
la Grenouille verte (Rana esculata), c’est elle qu’on entend en soirée d’avril à juin, avec son chant sonore et des rassemblements très nombreux en bordure des étangs. Elle est de coloration variable, verte, parfois brune tachée de noir.
le Crapaud commun (Bufo bufo), qui ne fréquente les étangs que pour s’accoupler et pondre, est commun en Sologne. Son corps est très trapu et court, avec une peau pustuleuse et sèche, et son œil rouge orangé.
le Crapaud calamite (ou Crapaud des joncs) (Bufo calamita) est inféodé aux abords des étangs. Il est petit (8 cm), et on peut le reconnaître à sa ligne dorsale jaune.
le Crapaud accoucheur (ou Alyte) (Alytes obstetricans) est absent de la Sologne centrale mais on peut le trouver en Sologne viticole. Le mâle transporte sur son dos les œufs que pond la femelle jusqu’au moment de l’éclosion, quand il les dépose dans une mare. Son chant, très sonore et flûté, indique sa présence. Il est très petit (5 cm), trapu et pustuleux.
la Rainette verte (ou Rainette arboricole) (Hyla arborea) vit dans les saules où les roseaux aux abords des étangs. Elle peut changer sa coloration vert- tendre uni en jaune clair, gris, brun ou noir, selon le support.
On assiste actuellement à une prise de conscience de la raréfaction des amphibiens en France : ils sont tous protégés et leur capture et détention sont interdites. Mais il faut aller plus loin.
Les milieux naturels sont agressés de toutes parts : les talus sont arasés, les haies sont brûlées ou débroussaillées, les mares sont comblées de déchets divers, et pire, les marais et marécages sont asséchés pour récupérer du terrain ou noyés pour obtenir des plans d’eau, et sans parler des pollutions chimiques d’origine agricole…
La liste pourrait être fort longue. Tous ces lieux sont les derniers réservoirs de vie sauvage, les mesures pour leur protection doivent être prises rapidement pour assurer l’avenir de nos amphibiens.
Eva Sempé